- Depuis début novembre 2021, Sciensano compile les statistiques des hôpitaux qui remplissent le nouveau formulaire des hospitalisations.
- Le formulaire est rempli à presque 90% pour les soins intensifs, ce qui est un très bon résultat vu la charge opérationnelle et les effectifs réduits ; mais de facto, freine toute publication en masse car les chiffres ne sont pas complets. Et dans le contexte actuel, il est plus que jamais délicat de présenter des statistiques incomplètes en nombre absolu plutôt qu’en pourcentage ou en incidence par rapport à une population, vu le climat conflictuel au sein de la population mais aussi entre influenceurs qui se sont mis en évidence pendant cette pandémie en Belgique.
- Yves Van Laethem affirme le 10 décembre 2021 que l’on a atteint le pic des contaminations le 22 novembre et le pic des hospitalisations le 30 novembre. En pratique, le pic des soins intensifs est observé encore une semaine après.
- Les soins intensifs ont été le déclencheur principal pour la mise en place de nouvelles mesures sanitaires et le point d’attention majeur, étant donné la proportion « relativement faible » de décès en comparaison avec les autres vagues.
- Les soins intensifs ont la spécificité d’évoluer de façon linéaire et réduite par rapport aux hospitalisations.
- Depuis août 2021, on sait que les séjours moyens des non-vaccinés sont sur l’ensemble d’une population probablement plus long que ceux des vaccinés. Une étude américaine montre que cela pourrait être aux alentours de 9 jours en moyenne pour les vaccinés et 15 jours pour les non-vaccinés (article d’origine en anglais)
- Sciensano publie le 10 décembre la proportion des admissions aux soins intensifs jusqu’au 5 décembre avec le statut vaccinal. L’échantillon documenté sur les 4 semaines précédentes est sans appel : Sur 1262 admissions étudiées, 486 concernent des non-vaccinés. Avec un séjour potentiellement deux fois plus long pour ces derniers, on pourrait donc même avoir eu environ 50% des occupations en soins intensifs qui concernent des non-vaccinés pendant le mois qui précède le pic; puisque les non-vaccinés représentent plus d’un tiers des admissions.
- Une question extrêmement complexe est donc de savoir si les seuils d’alerte auraient été franchis aussi rapidement si on applique l’incidence observée pour les vaccinés, aux non-vaccinés. Si on applique les incidences de façon basique, il se peut qu’ils n’auraient donc peut-être jamais été atteints si toute la population avait été vaccinée. Une autre question liée est de savoir si les seuils d’alerte auraient été atteints aussi tôt dans le deuxième semestre 2021.
- Tout le monde sait que vacciner toute la population était logistiquement réalisable mais n’était certainement pas envisageable par les autorités vu le contexte belge avant septembre 2021 et surtout le respect du fonctionnement démocratique de la Belgique avec un débat qui n’est toujours pas tranché en décembre 2021. Le sujet est donc très complexe à traiter ou à présenter dans un article ou un reportage.
- Il est évident que le coronavirus touche la Belgique dans des proportions difficilement comparables avec ses pays voisins, vu les statistiques d’hospitalisations et de décès depuis le début de la pandémie. La Belgique présente un profil très intéressant pour le reste de l’Europe car les régions présentent des taux de vaccination distincts et le virus s’est propagé aux travers de nombreux clusters répartis sur le territoire.
- Si plus d’1 million de belges n’avaient pas pris la décision de ne pas se faire vacciner, nous n’aurions jamais pu faire ce constat et clairement identifier la surreprésentation des non-vaccinés dans les hospitalisations et les décès à une échelle aussi représentative dans un pays aux frontières aussi ouvertes et situé au cœur de l’Europe occidentale.
- Si la 4ème vague n’avait pas suivi la dynamique que l’on a pu observer, la campagne de boosters n’aurait probablement jamais été aussi rapide en Belgique car le sentiment d’urgence aurait été moins fort et la population belge aurait été certainement moins bien préparée pour l’arrivée du variant omicron qui devrait se propager en masse à partir de janvier 2022.
Réflexions potentielles sur ces éléments de synthèse :
- On pourrait donc refaire le monde et imaginer des milliers de scénarios alternatifs mais rien de tout ça ne changerait le passé. Cette pandémie est sans nul doute, une expérience humaine moderne sans comparaison et tout le monde y joue un rôle dans le flux de l’information.
- La plus grande frustration ne devrait peut-être donc pas être uniquement l’absence de vaccination de centaines de milliers d’hésitants vaccinaux ayant amené à des hospitalisations évitables mais plutôt la suivante : L’expérience belge pourrait servir d’alerte pour convaincre tous les pays de mettre en place des campagnes de boosters dans l’urgence la plus totale. Cette sensibilisation exceptionnelle pourrait sauver un nombre incalculable de vies au niveau mondial.
- Et les flux d’informations sont plus internationaux et rapides que jamais grâce aux nouvelles technologies mais ne permettent pas de réaliser une telle prise de conscience à notre époque.
Une information partielle tue l’information. Trop d’information tue l’information